lundi 23 juillet 2012

Poussière, crème solaire et nostalgie

Inévitablement, l'été débute toujours avec la fin d'une année scolaire. Saluer une dernière fois les élèves et les collègues de travail et revenir au grand vide d'une salle de classe désertée dont les seules traces de présence humaine subsistent de par les quelques crayons usés sur le plancher, un dessin naïf affiché sur un mur, une paire de souliers d'enfant oubliée et l'étrange écho du vestiaire. L'été, c'est aussi le chant des cigales, l'odeur de la crème solaire, les grandes chaleurs et ses tards couchers de soleil. C'est vivre sans suivre un horaire précis et avoir des temps libres à ne plus se souvenir quel jour de la semaine sera demain. C'est lire sans se soucier des heures qui passent, c'est dormir dans une tente et marcher pieds nus dans le sable fin. Bref, c'est la liberté et force est de constater que, vraisemblablement, mes étés sont presque les mêmes que ceux de mon enfance. Chaque fois que je retrouve cette belle saison, me reviennent les milliers de souvenirs reliés à mes vacances estivales de gamine et c'est avec l'esprit remplie de ses images et des nombreux projets que m'inspirent l'été que j'y plonge, tête première.

Récemment de passage dans la ville où j'ai passé la plus grande partie de ma vie, j'avais pris l'engagement de veiller à l'entretien de la maison familiale pendant le long séjour en Espagne de ma mère et de son copain. On m'avait prié d'en profiter pour faire le ménage des boîtes d'effets personnels accumulés dans le sous-sol et dans le garage. Je dois avouer que, depuis quelques années déjà, c'était un exercice que j'essayais de pousser toujours à plus tard, sachant que cette activité s'échelonnerait sur plusieurs jours et que, de par mon tempérament nostalgique, j'allais avoir beaucoup de difficulté à me départir de la plupart du contenu des boîtes.

Donc, un matin et plusieurs autres après celui-ci, ma soeur et moi sommes finalement allées ouvrir les boîtes sur notre passé. Tel qu'imaginé, elles contenaient souvent de merveilleux trésors tels que des jouets, des livres et autres petits objets dont le simple fait de les tenir entre nos mains nous replongeaient dix, quinze et parfois même vingt ans en arrière. Il y avait tant de choses que je croyais disparues et tant de souvenirs enfouis depuis si longtemps dans ma mémoire. Je crois que c'est ce que j'ai trouvé difficile, accepter que lorsque j'aurais jeté le tout, je n'aurais plus les outils concrets pour refaire jaillir ces souvenirs. Rationnellement, se départir de toutes ces vieilleries nous semblaient logique et essentiel, mais émotionnellement, c'était malheureusement accepter de faire, en quelque sorte, le deuil de notre enfance. L'activité nous a aussi ramenées à quelques tristes mais attendrissants souvenirs tels que des photos et correspondances écrites de nos premiers amours, d'amis et membres de la famille disparus et aussi les traces du bonheur qu'ont eu nos parents ensemble avant qu'ils ne se séparent. Signe que la vie est la suite de perpétuels changements et qu'il faut s'y adapter avec résilience. Heureusement pour nous, il y avait aussi beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses sales, brisées et inutiles que nous avons jetées du revers de la main, en se demandant pourquoi nous n'avions pas fait ce ménage plus tôt.

D'une dizaine de boîtes n'en restèrent que trois contenant l'essentiel des effets que nous ne pouvions tout simplement pas encore nous départir. Après avoir mis au chemin tout ce qui pouvait être recyclé et être allées offrir quelques boîtes au comptoir des infortunés, nous nous sommes dirigées vers l'incinérateur de la ville, la voiture remplie de sacs de poubelle, le coeur léger et le sentiment du travail accompli.

L'été m'a toujours ramenée à mes souvenirs d'enfance et, vraisemblablement, cette année ne fait pas exception à la règle !      

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