vendredi 29 mars 2013

Couteau jaune



photo: Vincent Demers

Je savais que ces vacances allaient être magiques. Ayant cherché l'hiver, tout l'hiver durant, j'anticipais avec plaisir les paysages blancs du Nord Canadien et ses températures extrêmes. Il faut dire que Vincent et moi étions gonflés à bloc, nous quittions Toronto pour retrouver l'hiver, le vrai. Et croyez-moi qu'il nous attendait, en sortant de l'avion. Nous accueillaient aussi à Yellowknife, un soleil perçant, un ciel bleu éclatant, un vent qui surprend et surtout la rayonnante Carole. Telle était notre joie de se retrouver et de se dire enfin: mission accomplie ! Je savais qu'à partir de ce moment, le bonheur s'emparait de moi et ne me quitterait plus du reste du séjour. Il faut dire aussi que la semaine de relâche a comme caractéristique principale d'être brève. Avoir, donc, si peu de temps à passer dans un endroit aussi extraordinaire nous force inévitablement à apprécier chaque moment qui nous est offert. Et c'est ce qu'on a fait ! 

photo: Marie-Claude Lessard
photo: Marie-Claude Lessard
Ce que j'ai fort apprécié de la ville et des environs était son caractère pur, son aspect brute. Par exemple, le sentiment de communauté à Yellowknife est vibrant, les habitants s'entraident, partagent et vivent dans la simplicité. Tout le monde se connait et j'ai bien remarqué, partout où on se rendait, que les gens sont intereliés les uns avec les autres. Aussi, les éléments de la nature tels que le vent, la neige et la glace modifient inévitablement les paysages d'hiver, ce qui donnent un aspect non-défriché aux alentours. Il faut dire qu'avec un hiver aussi long, mieux vaut s'en accomoder. Ainsi, les lacs se transforment en routes de glace et les maisons-bateaux dont l'eau demeure la seule voie d'accès l'été deviennent tout à fait rejoignables à pied ou en voiture une fois l'hiver arrivé. Ainsi, on ressent davantage l'équilibre de la nature au sein de la communauté. La notion de survie est plus présente et par conséquent le respect de la nature et des animaux l'est d'autant plus. Là-bas, le port du cuir et de la fourrure ne sont pas un luxe mais bien la manière la plus efficace de se garder au chaud. La pêche et la chasse ne semblent pas être une simple activité ludique mais bien une nécessité, ou, du moins l'a longtemps été. Ce qui m'a surpris le plus, je dirais, c'est que j'étais tellement fière de manger le poisson si frais que Vincent avait pêché. Et j'ai enfin compris la raison pour laquelle j'ai souvent le dégoût, en ville, de la viande malodorante, coupée en carré dans des emballages plastifiés. C'est qu'il nous manque parfois ce rapport direct avec la nature ici-bas.   

photo: Marie-Claude Lessard
photo: Vincent Demers
Avec, au menu, presqu'exclusivement des activités en plein air, nous avons pu offrir à nos sens le plus beau des cadeaux, celui, par exemple, de sentir le froid qui pince nos joues, respirer à pleins poumons un air pur et sec, s'étonner de la légèreté des blocs de neige et de son crissement bien particulier sous nos pas, rire beaucoup et souvent, se réchauffer les pieds autour d'un feu, dormir d'un sommeil profond et réparateur, goûter de bons produits locaux, échanger des sourires et des paroles avec des gens si généreux, entrevoir sur le bord de la route une famille de lynx, admirer des sculptures et un château de glace, conduire si souvent dans le silence de la nuit et finalement se laisser émouvoir par les textures, les couleurs et le déplacement des aurores boréales. 

Tout cela et même plus encore mais je dois m'arrêter! Je garde en mémoire ces doux souvenirs et je me console en me disant que, la prochaine fois, j'irai durant l'été, sachant très bien que la magie sera encore au rendez-vous!

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