Lorsque j'ai quitté Lévis pour Toronto, il a six ans, la seule personne que je connaissais en Ontario était Annie, une gentille collègue du Bacc. Alors que j'enseignais à Toronto, elle habitait et travaillait à Guelph (environ une heure de voiture). Un soir d'automne, elle m'invita à une soirée meurtre et mystère organisée chez elle et son copain. Je savais que je connaîtrais quelques-uns de leurs amis qui seraient également présents à la soirée. Une semaine avant l'événement, je reçu, tel que convenu, les instructions concernant la soirée, les grandes lignes de la scène de crime et quelques détails concernant le personnage que j'aurais à jouer, tout au long de la soirée.
Je me rendis donc à Guelph, la journée venue, déguisée en nerd, tel que demandé et je fis la connaissance des premiers invités qui étaient déjà arrivés avant moi. J'étais un peu nerveuse de: 1) jouer à ce jeu pour la première fois et de 2) rencontrer de nouvelles personnes (je suis une fille timide, que voulez-vous). Tout allait bien, nous étions tous affairé à préparer le souper et à discuter jovialement autour d'un verre en attendant le reste des invités. Ayant bien préparé mon rôle, je savais que, parmi les invités en retard, figurait un personnage très proche du mien et j'avais hâte de le rencontrer pour comparer nos costumes et bien évidemment pour débuter le jeu.
Ils arrivèrent, finalement, suscitant une série d'exclamations dues aux costumes et autres attriquements de tous et chacun. Dans l'engouement de leur arrivée, et aussi parce que j'étais très contente de rencontrer enfin mon partenaire de jeu, je me présentai avec bonheur. Son costume était vraiment très réussi et j'en étais très enthousiasmée: pantalon style années 60 carreauté, un chandail brun, des lunettes et une perruque rousse ainsi que des faux points de rousseur sur les joues. J'en étais à le complimenter sur ses pièces vestimentaires et ses accessoires vintage lorsque je vis que l'un de ses bras semblait coincé dans la manche de son chandail (il était manchot et je ne le savais pas encore!!!). Pensant que cela faisait partie de son costume et même, de son personnage, je m'exclamai, devant tous les autres: ''AH que c'est drôle ! Il a même caché son bras dans son chandail!''. Et à la seconde que j'agrippai son petit bras, je sentis avec horreur que ce n'était pas une blague de sa part mais qu'il avait un vrai membre atrophié, un genre de moignon avec une main miniature à son bout.
Quel ne fut pas ma surprise, ma gêne et ma honte devant le ridicule de la situation. J'étais en train de secouer le pauvre bras handicapé du garçon, réalisant tout juste l'énorme erreur que j'étais en train de commettre. Et comble de malheur, j'étais tellement gênée que je ne voyais pas comment j'allais m'excuser de cette fâcheuse situation sans perdre complètement la face devant le reste des invités. J'optai donc pour l'option on-fait-comme-ci-de-rien-n'était, témoin de leurs sourires figés et d'un immense malaise dans leurs yeux. La seule personne qui semblait détendu et heureux était le garçon en question qui me regardait avec un grand sourire amusé, mélangé à une petite touche de surprise.
Heureusement, nous sommes passés au salon et les sujets de conversations ont vite fait oublier mon énorme maladresse. Malgré que j'ai définitivement eu l'air d'une attardée mentale qui n'avait jamais vu un manchot de sa vie et qui s'en amusait gaiement, j'ai, tout de même, tenté de me rattrapper plus tard en lui démontrant du mieux que je pus que je n'étais pas une totale écervelée mais bien une fille intelligente, cultivée, agréable et possédant un réel sens de l'humour.
Ah la la...
MCL
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